Léo Ferré – Le serpent qui danse


Le serpent qui danse

Que j’aime voir, chère indolente
De ton corps si beau
Comme une étoffe vacillante
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux acres parfums
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer

A te voir marcher en cadence
Belle d’abandon
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant
Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents

Je crois boire un vin de bohême
Amer et vainqueur
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur


La serpiente que danza

Cuánto me gusta ver, querida indolente
Tu cuerpo tan hermoso
Como una cafetera vacilante
¡Brillante la piel!

Sobre tu profundo pelo
A los perfume acres
El mar fragante y errante
En las ondas azules y marrones

Como un barco que se despierta
En el viento de la mañana
Mi alma soñadora se va
Por un cielo lejano

Tus ojos donde nada se revela
Ni dulces ni amargos
Son dos joyas frías donde se mezclan
Oro con hierro

Verte marchar en cadencia
Hermosa al abandonar
Pareces una serpiente que danza
Al final de un palo

Bajo el peso de tu pereza
La cabeza del hijo
Meces con suavidad
De un joven elefante
Y tu cuerpo se dobla y se acuesta
Como un buen barco
Que rueda de un lado a otro y sumerge
Sus mástiles en el agua

Como un arroyo hinchado por el deshielo
Glaciares rugientes
Cuando el agua de tu boca remonta
En el filo de los dientes

Creo que estoy bebiendo vino de bohemia
Amargo y victorioso
Un cielo líquido que salpica
De estrellas mi corazón